Heureux qui comme salarié a fait un beau voyage


Auparavant, lorsqu’on me parlait d’incentive, j’avais tendance à vouloir mordre. Tout au long de ma carrière, j’ai travaillé pour plusieurs entreprises qui n’y connaissaient vraiment rien en management. Dans ces boîtes, la DRH nous demandait de nous donner à 100 % mais on donnait très peu en compensation. Et se donner à 300 % pendant des semaines pour gagner un pauvre paquet de bonbecs (véridique !). La firme pour laquelle je travaille désormais semble cependant avoir lu quelques articles sur le management. Quand elle met en place un challenge commercial, la dotation est à la hauteur de l’effort. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec plaisir que je reçois les nouveaux incentives, challenge commercial et je me donne à 200 %. C’est comme ça que j’ai déjà gagné un PC, des Wonderbox, des places de cinéma (dans le cadre d’un court challenge)… Si je me réjouissais déjà de ces primes en nature, le mois dernier, j’ai cependant décroché le gros lot : un voyage de 4 jours en Argentine ! Pourtant, au départ, je dois admettre que je n’étais pas très emballé à cette idée. Quitte à choisir, j’aurais de loin préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, évidemment. Je n’étais pas transporté par le concept. Partir en voyage avec ses collègues, ce n’est pas vraiment du boulot, mais ce n’est pas non plus des vacances. J’imagine que c’est la même chose pour vous : on ne se comporte pas au travail comme on se comporte à la maison. Il faut jouer un rôle, le rôle du mec qui se divertit parce que c’est ce qu’il est supposé faire, mais tout en prenant attention à ses agissements, parce que les autres ont des yeux. Du moins, c’est ce que je croyais. Une fois arrivé, j’ai surtout pris conscience qu’un trip entre hommes, ça permet également d’être naturel. Mais d’un naturel assez différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu pas mal de neurones au cours de mon séjour, mais ça fait quand même du bien. Je craignais que les activités qu’on nous réserve sur place aient autant de saveur qu’un sandwich sous vide. Vous savez, le genre d’ activité où le caractère authentique . J’ai déjà vécu ce genre de moment lors d’un voyage avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, là aussi, su s’en sortir avec les honneurs : c’est une agence événementielle qui a tout organisé d’un bout à l’autre, et nous a concocté un séjour vraiment authentique. Si ce dernier s’est révélé assez riche, ça a été un vrai bonheur : il ne s’agissait pas d’un séjour touristique (le colon blanc venu s’encanailler chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout d’être atterré par les activités qu’on nous réserverait sur place. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été faite par un moniteur de centre aéré incapable de comprendre qu’il avait affaire à des adultes. Mon entreprise a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a non seulement fait des heureux parmi les employés grâce à un voyage et a également permis à ceux-ci de resserrer leurs liens. Et c’est là que je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Pendant une longue période, j’ai changé de boîte comme de chemise. Aujourd’hui, je ne regarde même plus si l’herbe est plus verte ailleurs. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de poser ses bagages.


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