Dizième Baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi


Le « Baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi » réalisé chaque année par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du Travail (OIT) permet d’établir une cartographie précise de l’ampleur des inégalités de traitement dans le milieu professionnel. Pour sa 10ème édition, cette enquête, qui a utilisé les données de l’enquête « Accès aux droits » réalisée en population générale en 2016, confirme la place importante qu’occupent les discriminations dans l’emploi et permet d’identifier, grâce à une analyse intersectionnelle, les groupes sociaux qui y sont particulièrement sujets, selon des caractéristiques de sexe, d’âge, d’origine ou de handicap. Pour l’ensemble de la population, qu’elle soit en emploi, sans emploi ou inactive, les discriminations au travail demeurent répandues : une personne sur deux considère qu’elles sont fréquentes au cours de la recherche d’emploi et, une sur trois, dans la carrière. Les expériences de discrimination vécues lors du parcours professionnel viennent corroborer cette perception : un tiers de la population active (34%) rapporte avoir personnellement fait l’objet de discriminations (fondées sur le sexe, l’âge, la grossesse ou la maternité, l’origine, les convictions religieuses, le handicap ou encore l’état de santé), dans l’accès à l’emploi ou le déroulement de carrière, au cours des cinq dernières années. L’approche intersectionnelle permet de souligner l’hétérogénéité des profils des personnes concernées par les situations de discrimination. Le fait d’être une femme en âge d’avoir des enfants, le fait d’être perçue d’origine extra-européenne et le fait d’être en situation de handicap, constituent des caractéristiques associées à des taux particulièrement élevés de discriminations dans l’emploi. Les femmes sont systématiquement surreprésentées dans les expériences de discrimination rapportées, et ce quels que soient les motifs évoqués. Le monde du travail apparaît comme un condensé de nombreux rapports sociaux, structurés par des préjugés et stéréotypes persistants. Aux pratiques de subordination hiérarchiques se substituent progressivement d’autres difficultés comme la précarisation du travail, l’existence d’un chômage de masse et de nouvelles pratiques managériales qui peuvent prendre la forme de pressions informelles sur les salariés, spécialement les plus jeunes, les femmes et les moins qualifiés. Les réclamations adressées au Défenseur des droits dans le domaine de la discrimination confirment le constat établi par les études élaborées à partir des expériences déclarées : l’emploi, qu’il s’agisse du recrutement, de l’embauche ou du parcours professionnel, est le premier domaine de discriminations. Le baromètre Défenseur des droits/OIT montre que l’âge et le sexe sont les deux premiers motifs des expériences de discrimination liées au travail (15%), suivis de l’origine (8%), du handicap ou de l’état de santé (6%) et des convictions religieuses (2%). Le constat établi à partir des réclamations adressées au Défenseur des droits est sensiblement différent : l’origine demeure le premier critère de saisines (environ 20% des réclamations) dans le domaine de l’emploi privé, alors que l’état de santé (environ 21%) constitue le premier motif de saisine du Défenseur des droits dans le domaine de l’emploi public.


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